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Allemagne

À l’automne 1892 Munch présente les fruits de son séjour français. À la suite de cette exposition il est invité par le « club d’art de Berlin » (Berliner Kunstverein), où ces mêmes œuvres doivent être exposées. Mais cela finit par un cauchemardesque « succès de scandale ». Le public et les vieux peintres comprennent Munch comme une provocation anarchiste, et l’exposition est fermée à cause de la protestation.

Munch s’est ainsi fait un nom à Berlin lorsqu’il se décide à y rester. Il entre dans un cercle de littéraires, d’artistes et d’intellectuels où les scandinaves sont fortement représentés. On y retrouve entre autres le dramaturge suédois August Strindberg, le sculpteur norvégien Gustav Vigeland, le poète polonais Stanisław Przybyszewski, l’écrivain danois Holger Drachmann et l’historien de l’art allemand Julius Meier-Gräfe. On y discute de la philosophie de Nietzsche ainsi que d’occultisme, de psychologie et des côtés sombres de la sexualité.

En décembre 1893 Munch expose sur l’avenue Unter den Linden. Il présente entre autres six peintures sous le titre Étude en une série : l’Amour. Cela marque le début de ce qui deviendra le cycle La Frise de la Vie (Lebensfries), « un poème sur la Vie, l’Amour, la Mort ». On y retrouve des motifs saturés d’ambiance (Stimmungsgesättigit), comme La tempêteClair de lune et Nuit étoilée, où l’on peut sentir l’influence du germano-suisse Arnold Böcklin. D’autres motifs éclairent le côté nocturne de l’amour, comme Rose et Amélie et Vampire. Plusieurs tableaux ont la mort comme thème, et le plus marquant est La mort dans la chambre de la malade. Dans cette composition se remarquent notamment les dettes de Munch envers les synthétistes et les symbolistes français. Avec ses couleurs crues et blafardes, le tableau montre une scène fortement figée, comparable au tableau final d’une pièce d’Ibsen. La scène rappelle la mort de sa sœur Sophie, et toute la famille est représentée. La mourante, assise dans un fauteuil, est représentée de dos, mais attire le regard sur le personnage qui représente Munch lui-même.

Les trois âges de la femme

Les trois âges de la femme (1894)

L’année suivante, la frise continue avec des tableaux comme La peurCendresMadoneSphinx ou Les trois âges de la femme, un tableau monumental totalement dans l’esprit du symbolisme. En commun avec Meier-Gräfe, entre autres, Przybyszewski réalise en 1894 la première publication sur l’œuvre de Munch. Il la décrit comme « réalisme psychique ».